lundi, juillet 04, 2005

Ciel voilé

Quand mon hérétique de père divaguait

Mon père, un savantologue parfaitement inconnu, ne parlait jamais à travers son chapeau. Tout ce qu’il pensait et disait sur la politique, sur la religion ou tout autre sujet ayant trait à l’humanité, était frappé d’une sorte d’infaillibilité pontificale et devenait systématiquement ex-cathedra.

D’ailleurs, ce n’est pas pour rien, qu’un jour, j’ai eu l’idée de l’appeler le pape Herman. Peu importe, si cela faisait référence aux fameux bonbons de couleur blanche à saveur de menthe, mais, chose certaine, il n’avait vraiment pas fait exprès pour s’appeler … Herman. Avec un seul « n », bien entendu!

Sur la politique d’abord, il disait que, nous les Québécois, avions un palier de gouvernement en trop, en l’occurrence, celui du gouvernement fédéral, à Ottawa. Difficile de le contredire, même aujourd’hui, n’est-ce-pas? Inutile de te dire ici, qu’il a toujours été un vibrant nationaliste.

Puis, à propos de religion, il avançait, sans l'ombre d'un remord, que l’Église catholique avait assassiné tellement de consciences tout au cours de son histoire, qu’elle n’aurait jamais assez de l’éternité pour faire son propre examen de conscience...! Là encore, il n’avait pas tout à fait tort. Pour un pape, laisse-moi te dire qu’il était pas mal hérétique …!

Maintenant, quant aux questions concernant l’humanité, c’est là-dessus, à mon avis, que mon père a été un grand visionnaire. À l’époque, alors que le mot « clonage » était pratiquement inconnu, il nous disait qu’un jour viendrait, où l’être humain finirait par se reproduire sans relation sexuelle entre l’homme et la femme.

Ah! ben là, je ne sais plus quoi te dire, mon amie. Parce qu’avec les événements qui se bousculent et n’arrêtent pas de nous faire évoluer par la même occasion, mon père ne divaguait pas tant que ça.

C’est en lisant récemment un article sur une variété de fourmis qui se clonait naturellement, que le souvenir de ses propos m’est soudainement apparu. Et que, si des fourmis peuvent se cloner « naturellement », il n’est pas insensé de croire que, tôt ou tard, l’être humain finira par y arriver, lui aussi.

« Le mariage est la forme la plus menteuse des relations sexuelles ; c'est pourquoi il jouit de l'approbation des consciences pures. » disait Friedrich Nietzsche. Or, mon amie, si un jour, la relation sexuelle entre l’homme et la femme n’est plus nécessaire à la reproduction de la race humaine, dis-moi à quoi riment donc tous les beaux discours des tenants de la ligne dure de cette thèse?

Enfin, à quoi sert de croire dur comme fer au mariage, gai ou non, si un jour, mêmes les homosexuels pourront se reproduire à leur tour? Mon amie, ne vois-tu pas, qu’en plus de ne pas avoir tort, mon père avait aussi raison?

Tout n'est plus qu'une question de temps et d'évolution

À toi pour toujours,
May West

Extrait de mon dictionnaire personnel:
savantologue
: se dit d’une personne qui n’a pas nécessairement une très grande instruction ni de connaissances considérables, mais qui pense et n’a surtout pas la langue dans sa poche.