mercredi, mai 18, 2005

Nuageux

Les misères du golf

Cela m'apparaît à peine croyable, mon amie. Dire que l’an dernier, nous avons joué au golf ensemble! Aujourd’hui, c’est comme si une éternité s’était glissée entre nous ...

Peu de chose change, ici-bas. À chaque début de saison, laisse-moi te rappeler le petit rituel suivant. D'abord, il faut se remettre les muscles en place. Puis, il faut se souvenir de sa technique. Enfin, il faut travailler à rendre le plus fluide possible son élan qui manifeste des signes évidents de raideur. Tout cela, sans jamais perdre de vue que l’on a vieilli d’une année, ce qui n’arrange pas les choses, loin de là.

Certes, autre signe des temps, mon amie, mais as-tu remarqué, comme moi, que d’année en année, un engouement sans précédent motive de plus en plus de femmes, jeunes et moins jeunes, à pratiquer ce sport réservé aux hommes pendant trop longtemps? Chose certaine, nombreuses sont celles qui se donnent beaucoup de mal à vouloir améliorer leur performance ... oblige! dans les endroits de pratique.

Néanmoins, un étrange phénomène subsiste et persiste, au golf. À ma connaissance, c’est le seul sport au monde qui semble se pratiquer sans qu'on s'y soit préparé, un tant soit peu, au préalable. Faut le faire, n’est-ce-pas?

À preuve, comme des milliers de joueurs de golf, plusieurs de mes partenaires actuelles avouent ne même pas voir la nécessité de s’entraîner en début de saison. Ou soit qu’elles n’en ont pas le temps, ou soit qu’elles n’en ont pas le goût. Or, elles espèrent qu’elles s’amélioreront, naturellement, au fur et à mesure des parties qu’elles joueront sur les parcours. Et cela les satisfait.

Mais, comment comprendre cet argument, mon amie? Dans mon cas è moi, il a toujours été impensable d’entreprendre une saison et de me mettre à jouer, avant d’avoir, au moins, frappé quelques balles. Je sais. La science infuse, ça existe, mais, pour les autres seulement. Hélas! personnellement, je n’en ai jamais été douée.

C’est comme si, un musicien pouvait jouer de son instrument et maîtriser son art, comme ça, rien qu'à se produire dans des concerts sans avoir pratiqué avant. Ou encore, de voir un joueur ou une joueuse s’élancer sur un court de tennis sans avoir, au préalable, subi au moins quelques séances d’entraînement.

De golfeuse en mal de confiance à joueuse de golf à la mémoire et à la concentration diminuées, ne serait-il pas plus sage d’en venir à se prendre moins au sérieux? Sinon, à quoi bon s’y adonner, si le plaisir qu’on est sensé y trouver est désormais, souvent gâché par une performance de plus en plus décevante?

Toujours est-il que, peu importe la façon avec laquelle l'on a toujours considéré ce sport, mais il arrive un temps, où l’on n’a plus le choix. C'est le temps de décrocher et d'accepter enfin ses propres limites.

Or, je pense, mon amie, en être arrivée là!

À toi pour toujours,
May West