jeudi, mars 30, 2006

Ciel voilé

Cessez de charrier, messieurs!

Non mais, faudrait pas charrier quand même, messieurs Charest, Dumont et cie! Y a vraiment pas de quoi déchirer ainsi vos belles chemises! Endoctrinement …! Digne de la Chine communiste, en plus! Ah! que de grands mots!

Voyons, monsieur Dumont! «C'est pire que le scandale des commandites en ce sens que l'on tente de s'attaquer à nos enfants. Jamais nous étions allés aussi bas», avez-vous décrié. À vous entendre, hier, on a presque craint que vous alliez vous étouffer avec votre salive!

Et selon vous, monsieur Charest, l'ouvrage «Parlons de souveraineté à l'école», du Conseil de la souveraineté du Québec viserait purement et simplement à «exploiter les enfants à des fins politiques». Sauriez-vous nous dire pourquoi il est plus endoctrinant de parler de souveraineté que de fédéralisme ...?

Mais le plus désolant fut d’entendre, André Boisclair, jouant dans la vierge offensée ... Quel moron croira qu’il ignorait que la présidente de son propre parti, Monique Richard, faisait partie de la bande de zélotes qui ont pondu l’ouvrage tant honni?

D’abord, messieurs, faudrait peut-être qu’on respire par le nez, hein! Puis qu’on vous rappelle qu’en 1968, inspiré par les fêtes du Centenaire (du Canada), un Canadien, A.B. Hodgetts publiait Quelle culture? Quel héritage?.

Monsieur Hodgetts enquêtait sur l'enseignement qui se pratiquait dans des centaines d'écoles, au Canada, et en a conclu que : « Nous enseignons une version terne, irréaliste et consensuelle de notre passé; une chronologie aride de progrès politiques et économiques ininterrompus qui gomme les controverses qui font pourtant partie intégrante de l'histoire. »

Controverses, a-t-il écrit? Pensait-il aux identités autres que celle de l’identité canadienne? En tout cas, peu importe, mais, a-t-on crié alors à l’endoctrinement digne de la Chine communiste? Bien au contraire, mon amie!
Pierre Elliot Trudeau aux aguets a tendu l’oreille ... et voilà que depuis ce temps-là, n’a jamais cessé de voguer entre les deux océans (coast to coast), l’indélogeable, pour ne pas dire l’indécrottable feuille d’érable rouge devenue le symbole du nationalisme canadian …!

Je vous mets au défi, messieurs Charest et Dumont, de fouiller toutes les écoles du Québec et toutes les classes ainsi que leurs fonds de placards. Vous seriez étonnés d’y trouver des centaines, voire même des tonnes de copies de documents, documentations et publications de toutes sortes promouvant le nationalisme de l’autre État, le fédéral, celui-là, le seul et l'unique autorisé … et cela sous toutes les formes imaginables.

Tous les enseignants et enseignantes du Québec, souverainistes ou non, ont eu à traiter avec ces documents, pire, souvent forcés de dispenser toute cette propagande à leurs élèves du primaire et secondaire. Endoctrinement digne de la Chine communiste? Hum …! Pourtant, personne ne s’en est plaint.

Dommage que l’ouvrage en question soit un coup fourré infantilisant, bêtisant et démagogique (Josée Boileau, Le Devoir, 30 mars 2006), mais Gérald Larose aurait-il raison?
À l'école, on peut parler de n'importe quoi, de sexe, de religion, d'homosexualité (eh oui ...!), etc, sauf ... d'indépendance.

Si on s’y est mal pris cette fois-ci en se tirant dans le pied (Michel David, Le Devoir, 30 mars 2006) comme cela arrive souvent, qui sait, la prochaine fois sera peut-être la bonne …

À toi pour toujours,
May West