lundi, avril 18, 2005

Généralement dégagé

Cent femmes nues dans les champs élyséens

Ce n’est pas parce qu’on manque de matière à réflexion, mon amie, que je t’accorde une petite trève politique, aujourd’hui. Profites-en pour t’épivarder dans les champs élyséens, là, où le soleil ne se couche jamais.

Comme je sais que l’art était l’une de tes passions, voilà qu’au début d’avril, cent femmes nues de 18 à 65 ans ont évolué dans un musée de Berlin pendant trois heures : c'était le dernier projet de l'artiste new-yorkaise Vanessa Beecroft. D’ailleurs, ce n’était pas la première fois que cette artiste, née à Gênes, Italie, en 1969, réalisait cette forme d’exposition.

Toujours est-il que, ces femmes qui ne portaient comme seul vêtement que des collants transparents et dont les corps étaient enduits d'un peu d'huile, ont formé une série de «tableaux vivants», semblables aux mannequins utilisés par des magasins de vêtements dans leurs vitrines. Comme toute œuvre d’art qui se respecte, elles étaient donc hors de portée des spectateurs.

VB55 - No. 1
VB55 - No. 2
VB55 - No. 3
VB55 - No. 4
VB55 - No. 5

Malgré cela, je ne sais pas pourquoi, mon amie, cet happening, tout ce qu’il y a pourtant de très artistique, me rappelle curieusement certaines photos de femmes qu’on alignait en attendant de les exterminer pendant l’Holocauste.

Pas étonnant, non plus, que du même coup, cela a fait surgir dans ma mémoire, cette scène bouleversante du film La Liste de Schindler, de Steven Spielberg, dans laquelle trois cents femmes nues ne savaient pas si elles allaient être gazées ou non sous les douches d'Auschwitz.

Dis-moi, mon amie, d’où me viennent donc toutes ces évocations contraires à l’hymne à la joie? Serait-ce parce Berlin fut jadis la capitale du IIIe Reich ... ? Ou bien simplement parce qu’aujourd’hui, j’ai filé un mauvais coton qui m’a presque fait plonger dans la schizophrénie?

N'est-il pas vrai qu’il y a des jours, où nos pieds ne savent rien faire d’autre que de s’accrocher dans les fleurs du tapis. Ne t’en fais pas. Demain, ça ira mieux.

À toi pour toujours,
May West