vendredi, avril 01, 2005

Nuageux. Faible averse de pluie.

Martyre d'Allah: Zara Kazemi

Petite journée en perpective, mon amie.Le ruissellement de l’eau sur les trottoirs et dans les rues a fini de ressembler à des fleuves pressés de rejoindre la mer. La neige achève de fondre après tout le soleil que nous avons eu pendant plusieurs jours.

Fatigués de l'hiver, les oiseaux n’en finissent plus de compter les jours sur les doigts de leur impatience. Leurs chants sont comme des appels à la vie. Bien sûr, les frissons de l’amour vibrent dans leurs ventres si souvent angoissés. Tout cela me laisse à penser, Deca, que le printemps est presque là. Enfin, il n'était pas trop tôt.

Cependant, la nouvelle de la mort de la belle Américaine (tu sais, celle dont je t’ai parlé, mercredi dernier?) m’a remplie d’une profonde tristesse. Mais aussi, et surtout d’un grand soulagement. En fait, je n’en pouvais plus d’assister à ce cirque médiatique, pour ne pas dire hystérique, autour de cette pauvre moribonde. Dieu merci, qu’On soit enfin venu la chercher!

Mais ce n’est pas tout, mon amie! Au nom de quel Dieu sans cœur, ou d’Allah barbare et cruel, ou encore de quelle folie meurtrière, a-t-on pu martyriser ainsi Zahra Kazemi, cette photographe irano-canadienne, décédée dans des circonstances plus que ténébreuses, en Iran, il y a deux ans? De ça, non plus, je n’en peux plus. Ongles arrachés. Doigts cassés. Pieds tuméfiés. Jambe lacérée. Signes de viol brutal. Etc. N’en jetez plus, la cour est pleine.

En tout cas, mon amie, fais-moi signe, si jamais tu entends parler que les affairistes et autres machistes de la planète, ou encore les grands vaticanologues de l'Humanité, je ne sais pas, moi, disons les plus éclairés, se sont enfin prononcés d’une voix forte et unanime contre la viol-ence faite aux femmes.

Ce jour-là, nous serons mortes, ma sœur.

À toi pour toujours,
May West