lundi, novembre 21, 2005

Nuageux

Bouffée de chaleur

Aucun rapport avec la ménopause, mon amie. Mais depuis que la cigale, qui a chanté pendant tout l’été passé, s’est enfin tue, je suis en calvette, mon amie. En effet, qui penses-tu a profité des chaleurs torrides, pour ne pas dire morbides qu’on a eues de juin à août dernier, si ce n’est notre auguste mère des kilowattheures, elle-même, en personne?

Et si de nombreux consommateurs québécois sont comme moi, c’est-à-dire en beau crisco, désormais il nous en coûtera plus cher, en été, avec la climatisation, qu’avec le chauffage, en hiver. Chose certaine, après le choc électrique que j’ai eu en lisant ma dernière facture d'électricité, je me prends à rêver d’un prochain été très ... pourri, mon amie.

Mais, d’ici là, pendant que des torrents d’eau glacée gèleront sous les ponts et que les froides nuits à venir nous feront apprécier, plus que tout, nos édredons en plumes d’oie sauvage, pas question de flamber nos acquis par les fenêtres en croyant échapper au virus de la grippe aviaire.

Certes, il faudra bien la réchauffer toute cette eau qui nous coule entre les doigts comme du vif argent mal di-géré. Et à coups de milliers d’watts pendant des heures en plus, si on ne veut pas, comme les parents de Jeannette Bertrand, éplucher nos combinaisons comme des oignons, puis plonger dans le canal Lachine pour se laver, le printemps prochain, parce qu’on n’a pas pu le faire durant tout l’hiver.

Tout cela te semble-t-il bien terre-à-terre, mon amie, mais voilà que justement l’hiver qui s’annonce risque d’être pas mal plus électrisant qu’on le pensait, et que peut-être, après tout, il nous en coûtera beaucoup moins cher d’Hydro qu’on s’y attendait.

Vois-tu, mon amie, le bonheur ici-bas peut quelquefois baigner dans la sauce, mais à condition d’y mettre en dessous un peu de carburant. Or figure-toi que ce carburant nous sera fourni grâce à des élections fédérales qu’on qualifie d’ores et déjà d’imminentes. Ces élections, qu’on claironne et qu'on réclame sur tous les tons, dans le feu de l’action, par des parlementaires tout feu tout flamme, deviendront, à mon avis, un vrai cadeau du ciel.

Nous aideront-elles à oublier, d'abord, les hausses d’Hydro, et puis, souhaitons-le, la triste histoire d’une certaine famille québécoise en nous imposant du même souffle un silence nécessaire sur ce sujet brûlant d’actualité ... ?

De plus, mon amie, on peut donc même prédire un temps des Fêtes plus caniculaire qu’à l’habitude, où il nous faudra sans doute baisser le chauffage pendant qu’on discutera, qu’on se disputera, qu’on se chicanera, qu’on se chamaillera et qu’on s’engueulera à qui mieux mieux, sur la couleur des chapeaux que porteront les futurs élus, sans oublier aussi, bien sûr, sur l’épaisseur de la puanteur de la minorité du prochain grouvernement.

Mais dans la foulée de tous ces heurts, voilà, qu’alors plus personne n’y croyait, nos bouillantes Alouettes se sont remises à chanter avec des trémolos dans les ... jambes sous les oriflammes, depuis hier.

Que cela ait soufflé du froid dans les ardeurs de tous les arrogants Argonauts d’un océan à l’autre, hélas, pourvu que cela soufflera du chaud dans nos cœurs de vaillants louseurs héroïques … !

Un petit don pour Hydro-Québec, s’il-te-plaît!

À toi pour toujours,
May West