lundi, mai 29, 2006

Nuageux avec éclaircies

Le Jour C

À toi, chère Sue,

Horreur! Le Jour C approche, chère Sue. C comme dans CIGARETTE. Rappelle-toi! S’il y en avait une qui connaissait parfaitement la question, c’était bien notre amie Deca (Hirondelle, pour ses intimes). Elle qui, si je ne m’abuse, y a laissé plus que des plumes à ses pauvres poumons et à sa santé, en général, mais y a aussi laissé pousser des ailes …, n’es-tu pas d'accord avec moi?

C comme dans j’en ai eu assez, moi-même, quand j’ai finalement mis un terme à cette calamité. Ce qu’il m’en a fallu du temps pour me programmer mentalement! Près de sept ans! Surtout du fait que ce fut à cause d’une femme, qu’après treize ans sans fumer, je m’étais remise à le faire par simple débordement d’émotions.

Ah! les femmes! Ne sont-elles pas souvent la cause de tout? Du commencement comme de la fin? N’est ce pas encore en partie à cause de l’une d’entre elles, ma brune grisonnante, que j’ai cessé de fumer, justement, il y a plus de trois ans? Comme tu l’as vu par toi-même, cette dernière, bien que généreuse à ton égard et au mien aussi, cela va de soi, (si tu savais comme je lui en sais gré aujourd'hui!), ne tolérait pas que l’on fume dans sa maison de façon continue.

Je me vois encore, debout en pyjama sur son balcon, en train de griller ma première cigarette de la journée, en plein hiver, grelottant de tous mes membres parfois sous les moins vingt. Enfin, tu vois le genre? Bref, une façon comme une autre de faire décroître le plaisir après l’usage, tu ne crois pas?

Mais revenons-en à l’essentiel: nos émotions. Certes, il y en a qui en mangent; il y en a qui les digèrent mal et il y en a pour qui cela les rend complètement m a l a d e s. Comme dans la chanson, tiens! Selon moi, hélas, c’est ça qui retient tant de gens captifs, esclaves et prisonniers de cette malédiction. D’ailleurs, émotions et nicotine font la paire, pour ne pas dire le couple le plus diabolique qu’y soit, crois-moi!

Tout ça pour te dire, chère Sue, que j’ai beaucoup de sympathie et d’empathie pour tous ces gens qui, comme toi, à seulement quelques heures du fameux Jour C, sont pris de panique ou de remords, c’est selon, puis se sentent ni plus ni moins devenir des « parias » pour la société. Je sais, ce n’est pas très juste.

Oui, tu as raison aussi de te sentir frustrée et de dire qu’il y a bien pire que la fumée de la cigarette. Imagine un peu, avec l’allergie aux émissions polluantes des voitures qui m’est tombée dessus sans crier gare, l’an dernier, s’il avait fallu que je fume en plus, je serais probablement, au moment où l’on se parle, ou soit atteinte d’emphysème ou soit d’asthme chronique, qui sait?

(Sans parler, évidemment, qu’à l’extrême limite, j’aurais pu devenir une petite quantité - non-négligeable toutefois - (un mille cinq centièmes …) dans la longue colonne de statistiques des décès dus à la pollution. Mais ne dramatisons pas trop, très chère Sue. Le malheur est déjà bien assez grand comme ça.)

La cigarette est un vice pour toi, dis-tu? Là, par contre, j"hésite à te donner raison. Car, vois-tu, dans mon cas, cependant, c’est quand elle n’a plus été un plaisir que même le vice n’avait plus le même goût. Pour te dire, hein?

May West
avec toute mon amitié
P.S. Pour te consoler, chère Sue, je te recommande de lire ceci