mardi, novembre 29, 2005

Nuageux

L’apocalyspe à nos portes ?

Bien qu’on s’en doutait un peu, mon amie, à l’émission Découverte, à l’affiche, ce dernier dimanche soir, on y a confirmé, en long et en large, que le réchauffement climatique est bien réel. Il a été de 0,6 degrés Celsius, en moyenne, au cours du siècle passé. Non seulement ce mouvement est-il irréversible, mais il va, en plus, aller en s’accélérant.

D’abord, une constation qui fait frémir. Le problème, qui relève du mythe de Sisyphe, serait-il beaucoup plus grand que la volonté et la possibilité d’y remédier?

Déjà, on a commencé à y goûter, avec les typhons, les tempêtes et les ouragans, qui se font de plus en plus nombreux et encore plus violents, d’année en année, sans oublier, non plus, les vagues de chaleur et de sécheresse plus intenses que jamais.

De plus, comme si ce n’était pas assez, selon les experts, ce réchauffement climatique se manifestera éventuellement par une élévation du niveau moyen des océans. Des populations entières seront menacées.

N’est-ce-pas, mon amie, que ce scénario, qu’on qualifie de moins pessimiste, a de quoi jeter l’effroi dans nos réflexes les plus amorphes, bien que je ne feigne pas de regretter le sort qui attend, hélas, les générations futures?

Comprends-tu, toutefois, que devant ce que nous réserve l’avenir climatique, ma réaction puisse être exactement la même que pour les films d’épouvante. J’ai tellement la chienne, mon amie, que je dois me boucher les oreilles pour ne pas entendre la musique et me fermer les yeux pour ne pas voir les images ...

Or, comme le pire est encore à venir, a-t-on appris, faudra-t-il que je tire carrément ma couverture jusque par-dessus ma tête ...? Ou encore, que je m’enfouisse bêtement la tête dans les sables (bitumineux de l’Alberta, qui est en train de s’enrichir outrageusement en prouvant que la pollution a du bon, après tout …), comme une Bédouine qui cherche à fuir ses propres cauchemars?

Toujours est-il, que pour l’instant, mes priorités sont, c’est le moins qu’on puisse dire, plutôt primaires. La réalité, ou la fatalité, me pousse à vivre au jour le jour le plus possible pendant qu’il est encore temps. Et pendant qu’on en a encore le temps. Mais sait-on pour combien de temps? En fait, on a le temps qu'on se donne.

Enfin, mon amie, sachant qu’un litre d’essence brûlée produit 2,5kg de GES, je veux bien utiliser moins souvent ma voiture. Je suis peut-être un modèle de lâcheté à ne pas suivre, mais je ne vais pas tout de même me barricader dans l’hier, l’aujourd’hui et le demain, en gardant l’espoir de voir passer les anges du Salut, avec dans leurs besaces, quelques bacs tantôt verts, tantôt bleus.

Dis, mon amie, et pour quoi faire, si l’apocalyspe est à nos portes?

À toi pour toujours,
May West

Dans la mythologie gréco-romaine, Sisyphe reçut un châtiment exemplaire. Les Juges des Enfers lui montrèrent un énorme rocher, et lui donnèrent l'ordre de le rouler en lui faisant remonter la pente jusqu'au sommet d'une colline et de le rejeter de l'autre côté pour qu'il retombe. Il n'a encore jamais réussi. Aussitôt qu'il est près d'atteindre le haut de la colline, il est rejeté en arrière sous le poids de l'énorme rocher, qui retombe tout en bas, et là, Sisyphe le reprend péniblement et doit tout recommencer.