XL 
Mais non, mon amie, ce que j’ai à te dire aujourd’hui, n’est pas aussi torride que la sulfureuse télésérie américaine
The L word qui sera présentée demain soir à
Artv.Toutefois, je n’en reviens toujours pas, chère amie. Figure-toi que, dernièrement, mon médecin m’a mise devant le fait accompli. Je dois perdre de 5 à 10 livres, suivre un régime, puis faire de l’exercice, sinon, il me prescrira des médicaments et me fera acheter un petit bidule à mesurer le taux de sucre dans mon sang. Ai-je besoin de te faire un dessin? Non? Bon.
Jusque là, je filais le petit bonheur d’une femme qui vieillit bien. J’ai bien dit «
qui vieillit bien ». Ayant cessé de fumer, il y a maintenant presque 3 ans, j’ai pris quelques kilos ... lesquels, somme toute, ne me vont pas si mal après tout. «
Mon Dieu, que tu as donc l’air bien …! » se plaît-on souvent à me dire, dans mon entourage. Sauf que, l’idéal serait qu’on ne se voie toujours qu’à travers la lunette des autres.
Mais, hélas! ce n’est pas toujours le cas. Car, vois-tu, mon amie, depuis les six dernières années, bon an, mal an, je suis passée, mine de rien, presqu’en catimini, de six mois en trois mois, graduellement, insidieusement, progressivement, de taille 8 à taille 16 …!!! Or, les deux lettres,
XL, imprimées sur les petites étiquettes fixées au collet des vêtements, cela te dit-il quelque chose?
Alors,
exit pour moi, les chocolats fins, les mille-feuilles à la crème, les boîtes de
Whippets que j’engrangeais dans mon frigo et dans mon garde-manger, les gelées géantes aux couleurs multiples qu’on achète en vrac, les tartes au sucre de
Tante Gisèle, et quoi d’autres encore.
Et ce n’est pas tout, mon amie. Ce n’est pas, loin de là, que j’envisage un jour de ressembler à l’une de ses magnifiques
ELLES de Los Angeles qui, on s'en doute bien, trouvera l’aire de stationement la plus près possible du gymnase
Fit For Life, afin d’avoir à ne pas trop marcher avant d’aller se mettre en forme. Tu vois le genre.
Mais, en ce qui me concerne, il me faudra davantage conjuguer la marche à mon plan de survie. Marche rapide, à petits pas, dans la rue, sur les mains, sans but, au hasard, derrière une balle, avec une canne, un putter, une béquille, en boitant, à reculons, à quatre pattes, sur la tête, sur un parcours de golf, sur la Lune, bref marcher, point final.
Sinon, paraît-il que cela pourrait, plus tôt que prévu, finir par une marche funèbre, en bonne et due forme,
Six feet under ...
À propos, dis-moi donc, mon amie, à quelle heure passera cette télésérie, demain soir?
À toi pour toujours,
May West