Le pape Jean-Paul II est mort, mon amie. En ce qui me concerne, sa mort a été annoncée depuis tellement de semaines, voire même de mois, qu'il n'y a plus d'espace dans ma vie quotidienne pour y laisser passer l'ombre d'une onde de choc.
Et je regrette d'avoir à te dire que, bien que je trouve malheureux que son agonie et sa mort soient devenues des sujets de voyeurisme médiatique, j'ai déjà fait mon deuil de ce pape-là depuis longtemps.
Naturellement, ce qui me fait le plus de peine, c’est de voir tous ces gens qui le pleurent. Quant à moi, ce n'est pas que je sois insensible à la disparition de Jean-Paul II, mais celui qui est parvenu le plus à m'arracher des larmes, ce matin, c'est Stéphane Laporte, dans sa chronique
Attendre la mort.
Étonnant tout de même de voir, à quel point ce gars-là possède le don de faire revivre en nous des émotions qu'on croyait avoir domptées. Ce n'est pas peu dire, mais il a réussi à me faire remonter dans la gorge (et cela avant même d'avoir avalé une seule goutte de café ...) le souvenir de la mort de mon père survenue en 96.
Mais, revenons, si tu le veux bien, à la mort du pape. Ce que je retiens de l’homme, c’est qu’il a peut-être réussi à s’attacher la jeunesse du monde entier, mais, selon moi, il a perdu de vue les préoccupations de la société moderne. Ou n'en a jamais tenu compte.
J’étais de ceux et celles qui avaient mis énormément d’espoir et d’espérance dans l’avènement de ce nouveau pape, issu de culture slave, il y a 26 ans. Même que j’étais là, mêlée à la foule qui s'était amassée lors de son passage en papemobile, sur le canal Rideau, à Ottawa, en 1984. Et comme des milliers d’autres, moi aussi, je me suis senti envahir par un grand frémissement d’exhaltation.
Hélas! Quelle n’a pas été la déception générale, alors que quelque temps après, il a montré ses vraies couleurs, comme on dit. N’a-t-il pas, dans un mouvement de conservatisme rétrograde, à titre d'exemple, refusé l’avortement à une adolescente violée, nié l’homosexualité génétique et refusé le divorce pour un partenaire violent? De plus, ne l'a-t-on pas vu s'entêter à refuser l’égalité des sexes au niveau de la prêtrise et surtout affirmer que la sexualité n’existait que pour la procréation? Bref, de tout ça, j'imagine qu'il aura à affronter le regard de Dieu.
Enfin, encore une fois, mon amie, tous nos espoirs de changement sont tournés vers l'avenir. En espérant, qu'on ne sera pas trop déçus par la relève.
Le pape est mort! Vive le pape!
À toi pour toujours,
May West